Rencontre avec Vincent Morin, Architecte d’intérieur : « Le luxe, c’est l’art du détail et des Savoir-Faire »

Chez Zanutta, nous souhaitons mettre en lumière des architectes qui incarnent l’excellence et dont la vision du luxe résonne avec nos valeurs. C’est dans cet esprit que nous avons rencontré Vincent Morin, architecte d’intérieur qui multiplie les projets d’envergure et séduit par une approche singulière, exigeante et presque philosophique du luxe : un luxe intemporel, nourri par le savoir-faire des artisans, les matériaux et l’attention au détail.

vincent morin architecte interieur

Dès les premières minutes de notre entretien, le ton est donné. En déplacement pour une mission de conseil à Dubaï, Vincent Morin s’excuse pour son planning chargé, trouve un coin calme, s’installe et sourit : « Allons-y. »

Rencontre avec l’architecture d’intérieur

Rien ne le destinait pourtant à l’architecture intérieure. Fasciné très jeune par le métier de maquettiste en cabinet d’architecture, il s’oriente d’abord vers des études spécialisées, avant de bifurquer vers les arts décoratifs à l’école de La Cambre, en Belgique. C’est là que sa passion se révèle pleinement. « J’aimais ce qui se passait à l’intérieur… travailler en adéquation avec le bâti de l’architecte pour créer une résonance à l’intérieur. »

Ses projets (villas privées, yachts, restaurants) traduisent d’emblée cette sensibilité particulière et expriment une vision exigeante du luxe. Une vision qu’il détaille avec conviction.

Repenser le luxe : au-delà du « bling bling »

« Le luxe est un terme un peu galvaudé aujourd’hui. On a tendance à confondre luxe et ostentatoire, et les réseaux sociaux comme Instagram ou Pinterest n’aident pas. L’ostentatoire n’est pas du luxe. »

Il convoque l’histoire pour illustrer son propos : « À l’époque austro-hongroise ou sous la royauté française, le luxe, c’était le temps passé à créer avec soin, dans une profusion d’ornementations qui étaient à l’origine des savoir-faire. »

Aujourd’hui, regrette-t-il, le luxe se réduit trop souvent à un effet de brillance, à un « bling bling » qui cherche seulement à « donner une impression de richesse ».

À rebours de cette dérive, Vincent Morin revendique une approche tournée vers le « Quiet Luxury » :

« Le vrai luxe, c’est faire appel aux savoirs, aux artisans. C’est mettre en valeur des matières simples et les anoblir par la main de l’artisan. Ce n’est pas dépenser plus pour avoir plus ; ce qui fait le luxe, c’est le détail, le geste, la précision. »

Et de rappeler qu’un projet n’a pas besoin d’être somptueux pour être exceptionnel : « Même avec peu de moyens, il est possible de réhausser un projet par le détail qui sort de l’ordinaire. »

vincent morin lounge

Le rôle décisif des artisans et des partenaires comme ZANUTTA

Vincent Morin explique que le luxe n’existe pas sans relation humaine : « Le luxe, ce n’est pas seulement faire appel à des savoir-faire existants, c’est aussi créer une relation avec les artisans qui maîtrisent leur matière, mais aussi les entrepreneurs sur chantier. Ensemble, on peut sortir des chemins habituels de mise en œuvre et aller plus loin, réhausser le projet. »

Et c’est là que Zanutta joue un rôle essentiel : « C’est d’ailleurs pourquoi des partenaires comme Zanutta sont essentiels : ils connaissent la valeur de ces savoir-faire, savent comment orienter les choix de matériaux et facilitent ce dialogue entre conception et exécution. »

Un rôle qu’il résume d’un mot : « Précieux ». Avant de développer :

« Pour nous, Zanutta, c’est une bibliothèque de matériaux, doublée d’un retour d’expérience. Ils nous accompagnent très tôt dans le projet, aussi bien sur la cohérence budgétaire que sur la proposition de nouvelles matières… On gagne un temps fou ! On peut se reposer sur leur expertise et avancer. »

materiaux zanutta vincent morin

Tradition, technologie et équilibre

Vincent Morin insiste : le luxe ne peut se réduire à la technologie, aussi performante soit-elle. « La technologie évolue très vite, se transforme. Elle fournit des outils qui permettent d’emmener le projet plus loin, de matérialiser une idée. »

Mais il met en garde contre une dépendance excessive : « La technologie sublime l’idée, elle ne fait pas l’idée. Le luxe, lui, reste intemporel : il se crée dans la pièce unique, dans l’échange avec l’artisan, pas dans la nouveauté technologique. »

Et de rappeler :

« Les formes, les couleurs passent, mais le savoir-faire reste. Le savoir est intemporel. »

Il cite l’exemple des tapisseries d’Aubusson : un art qui traverse les siècles, au-delà des modes esthétiques. « On peut réutiliser des savoir-faire anciens dans des contextes très contemporains. C’est ça qui fait la valeur : cette transmission du geste, cette pérennité. »

Cette recherche d’équilibre se traduit aussi très concrètement dans le budget : « Il faut ventiler le budget : insister sur certains détails, sur certaines pièces confiées à des artisans, et être plus raisonnable ailleurs. »

Et de filer une métaphore musicale : « C’est comme une mélodie : parfois on fait intervenir tout le chœur, puis on calme le jeu. »

Un équilibre qui doit aussi intégrer le bon sens économique : valeur patrimoniale dans le résidentiel privé, rentabilité rapide dans l’hôtellerie et la restauration. Là encore, conclut-il :

« le luxe est dans le juste dosage, pas dans l’excès ».

kids lounge vincent morin

Matériaux, lumière et narration de l’espace

Au cœur de sa démarche, la matière tient une place centrale : « Le matériau devient narratif quand il est juste, travaillé par la bonne main : c’est ce qui fait qu’un espace transcende le décor pour devenir expérience. »

Avec Zanutta, ce travail est facilité :

« L’expertise de Zanutta aide à sélectionner les matériaux qui traversent le temps, qui racontent quelque chose et qui soutiennent le récit du projet. »

Mais il insiste aussi sur l’importance de la lumière, qu’il considère comme un outil de mise en scène : « La lumière sculpte l’espace. Le jour par la lumière naturelle ; la nuit, par des scénarios que je conçois moi-même. »

Et d’ajouter : « J’aime jouer avec de petits effets : un blanc qui devient gris, une moulure qui cisèle la peinture… Ce sont ces nuances qui changent la perception et créent une émotion. »

Un duo matières-lumières qui trouve là encore un prolongement naturel dans l’expertise Zanutta : « Les textures, les détails, ce sont eux qui créent la dimension sensorielle. D’ailleurs Zanutta sait aiguiller vers les bonnes matières, celles qui vont durer et donner de l’âme au projet. »

jeu de lumière rouge

Des projets emblématiques, une vision globale

Parmi ses réalisations marquantes, Vincent Morin cite Coucou (Palm Tower, Dubaï) : « 300 couverts à ranger chaque jour, terrasse invisible le jour, restaurant festif la nuit. La contrainte a généré le concept, tout sur mesure. »

restaurant Coucou Dubai

Il évoque aussi Verde Beach, une version 2.0 d’un restaurant iconique, « co-construit dans un dialogue serré avec le client ».

verde beach vincent morin

Quant aux yachts, il sourit : « Spectaculaires de l’extérieur, mais contraints par les besoins en symétrie et hauteurs sous plafond, donc parfois moins intéressants à mes yeux. »

Quoi qu’il en soit, l’exigence reste la même :

« Ce qui transforme un lieu, c’est le dosage et la scénographie : les volumes, la lumière, les matières, les détails. »

Et lorsqu’on lui demande quelle émotion il aimerait provoquer en entrant dans un espace qu’il a conçu, la réponse est simple : « Se sentir bien, tout simplement. »

Regards sur le design et aspirations personnelles

À l’heure où le design est traversé par de nombreux défis, Vincent Morin se méfie des généralisations. Il met en garde : « Il faut regarder ce qui se passe en Asie, surtout en Chine. Ils ne copient plus, ils créent. C’est un acteur de luxe à part entière aujourd’hui. »

Cette ouverture nourrit sa vision du métier :

« L’ouverture d’esprit est essentielle. Il faut accumuler du savoir, rester curieux, ne pas se fermer à une esthétique unique. C’est comme ça qu’on crée sa propre ligne. »

Et alors qu’il mène de nombreux projets internationaux, il confie une envie plus intime : « J’aimerais travailler sur une page blanche : notre propre demeure familiale. » Manière d’appliquer à soi-même l’exigence patiemment cultivée pour les autres.

Pour aller plus loin :